<303>Et brûle de remplir ces routes épineuses
Où les sages guerriers se rendent immortels;
L'autre serre en ses bras les genoux paternels;
De ces faibles enfants les naïves caresses
A ce père chéri prodiguent leurs tendresses,
Ils tiennent, en jouant, dans leurs débiles mains
Ce fer trempé de sang, ce fer craint des humains,
Son casque menaçant, sa terrible cuirasse;
Bientôt des pas du père ils vont suivre la trace.
Le dieu du tendre hymen donne à ces vrais amants
Ces biens purs et parfaits, ces doux ravissements
Qui naissent de l'estime où le cœur participe,
Dont l'amour réciproque est le constant principe,
Agréments inconnus dans la fleur de leurs jours
A tous les partisans des frivoles amours.
De ces chastes liens écartant la mollesse,
Ce généreux amant est tendre sans faiblesse;
Son cœur ne connaît point la molle volupté,
Et quand le devoir parle, il est seul écouté.
Dans ces chastes plaisirs, dans cette jouissance,
Compagne du devoir et de la tempérance,
Son corps robuste et sain n'est jamais abattu,
Son amour innocent anime sa vertu;
On le verra bientôt, plein d'une ardeur nouvelle,
Accourir dans ces champs où la gloire l'appelle.
Avant que les hivers finissent leurs rigueurs,
Avant le doux retour de la saison des fleurs,
Aux postes avancés les généraux s'empressent,
Ils forment leurs projets, les camps se reconnaissent,
Les élèves d'Euclide arpentent les terrains,