<171>Ressort de son cocon plus brillant qu'autrefois.
La jeune, la charmante Flore,
Profitant de ces jours sereins,
Incessamment va faire éclore
Ses fleurs, l'ornement des jardins.
Les doux parfums de l'air, la chaleur, tout conspire
A ranimer l'essor de nos sens morfondus,
A nous réunir aux élus,
Sous le voluptueux empire
Qu'étend sur tout ce qui respire
Le prestige enchanteur des charmes de Vénus.
Déjà son feu divin inspire
L'amour qu'en gazouillant expriment les oiseaux;
Elle échauffe l'instinct des habitants des eaux;
Par elle le berger pour sa Phyllis soupire,
Tandis qu'un même amour enflamme ses troupeaux;
Reine de la nature, elle amollit et touche
Le cœur sanguinaire et farouche
Des tigres, des lions, des cruels léopards;
Les accents de sa belle bouche
Ont su fléchir jusqu'au dieu Mars.
Mais lorsque toute la nature
S'abandonne à l'instinct d'une volupté pure,
Que l'amour de ses feux paraît tout ranimer,
Que l'air retentit du murmure
Des amants qui sous la verdure
Chantent le doux plaisir d'aimer,
Un austère devoir m'ordonne de m'exclure
Des charmes enchanteurs que je viens de nommer.
L'honneur parle, la gloire altière