<XVII>Nous demeurons donc, en ce qui nous concerne, dans le doute sur l'authenticité de ce morceau, et n'osant ni le rejeter absolument, ni l'admettre sans réserve, nous l'imprimons avec les autres facéties. En tous cas, cette Lettre est intéressante, fût-elle même l'ouvrage de M. d'Argens, puisqu'on sait que cet ami du Roi prit une part active à la guerre de plume que le monarque faisait aux ennemis de la Prusse dans les moments les plus critiques de la guerre de sept ans.

Notre texte est tiré de l'édition originale imprimée en 1760, en seize pages in-8, et portant le même titre que celui du Supplément, que nous avons indiqué au commencement de cet article. La Bibliothèque royale de Berlin possède deux exemplaires de cette édition.

XXIII. MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE D'AIX, PORTANT CONDAMNATION CONTRE LES OUVRAGES IMPIES DU NOMMÉ MARQUIS D'ARGENS, ET CONCLUANT A SA PROSCRIPTION DU ROYAUME.

La copie originale de cette facétie, qui a dix pages in-4, est conservée aux archives royales du Cabinet (Caisse 397, D). Elle est écrite avec beaucoup de soin, et on y remarque quatre corrections de la main du Roi : p. 5 du manuscrit (Supplément, t. III, p. 351), il a rayé le mot dangereux et mis au-dessus désastreux; p. 7 (Supplément, t. III, p. 353), il a substitué fit tomber à attira; p. 8 (Supplément, t. III, p. 354), il a mis murs au lieu de mers; et enfin, p. 8 (Supplément, t. III, p. 354), il a remplacé l'infidèle par l'impur.

On lit, au verso de la première feuille de ce manuscrit, la note suivante de la main de M. de Catt : « Dans la crainte que le pauvre marquis d'Argens ne fût la victime de cette plaisanterie, je fis mettre évêque d'Aix au lieu d'archevêque, pour qu'on s'aperçût d'abord que ce n'était pas une chose réelle; cela fit en effet sensation, et mon idée fut remplie. »

Cet opuscule, qui porte la date : Donné à Aix, en notre palais épiscopal, le 15 mars 1766, paraît être une imitation du Mandement du révérendissime père en Dieu, Alexis, archevêque de Novogorod la Grande, par Voltaire (octobre 1765). Voyez ses Œuvres, édit. Beuchot, t. XLII, p. 127-138. Le Roi, en écrivant