<183> plaisirs bruyants, souffrez que je rende quelque service à votre volupté, et que je l'abreuve de bon vin de Champagne et de Bourgogne. Caton, l'austère Caton égayait bien quelquefois sa sagesse avec du nectar de Falerne; pourquoi le gouverneur de Francfort n'enluminerait-il pas la sienne avec le nectar de Champagne, qui le cède aussi peu à celui de Falerne qu'il le cède à Caton?

Adieu, cher et digne ami; mes compliments à madame, que j'estime de tout mon cœur. Soyez bien persuadé que je n'en fais pas moins à votre égard, et que j'ai été, je suis, et je serai toujours votre parfait ami,

Federic.

(Vingt-cinq bouteilles de Bourgogne; vingt-cinq de Champagne.)

38. AU MÊME.

(Décembre 1739.)



Mon cher Camas,

Nous sommes ici des amphibies de joie et de tristesse; on fait des fêtes d'un côté pour divertir ma sœur,a et l'on plaint le Roi, de l'autre, pour l'état incertain et défaillant de sa santé. Vous pouvez, mon cher ami, vous représenter à peu près la situation dans laquelle nous sommes; cependant elle est de cent piques préférable à celle de l'année passée, qui était désespérée. Je ne pourrai guère vous mander des nouvelles d'ici, sinon que l'ancienne étiquette s'observe régulièrement, qu'il a fait ici un froid épouvantable, qu'on danse beaucoup, qu'on médit encore davantage, et que l'on rit et pleure tour à tour.


a La duchesse Charlotte de Brunswic-Wolfenbüttel, qui arriva à Berlin le 17 décembre 1739.