<471> à la vérité, comme étant contraires à la propagation, et par conséquent à la conservation de la société, mais qu'elles semblent en avoir condamné plutôt l'abus que l'usage : au moins est-il notoire que cette sorte de brutalité passait alors, non pour une action licite, mais pour une espèce de galanterie, et qu'il était du bel air, principalement parmi les grands et les riches, de donner dans ce goût dépravé; c) que ces mêmes sentiments, regardés du même œil qu'alors en des temps bien plus récents, ont tellement infecté (en dépit et à la honte de la religion chrétienne) des nations entières, qu'il a fallu recourir au fer et au feu pour en arrêter le cours; d) qu'un homme également vertueux dans toutes ses actions est, à mon avis, un phénix qui n'exista jamais, et que Socrate, par conséquent, pouvait être fort vertueux, sans être un vertueux universel ou parfait, c'est-à-dire, sans exercer également toutes les espèces de vertus morales. Mais je n'ai pas besoin de tous ces arguments pour sauver la mémoire de cet oracle de l'antiquité.

Je sais que bien des gens, de ses contemporains même, l'ont accusé de ce vice honteux; mais je sais aussi que les auteurs les plus graves et les plus dignes de foi ont soutenu hautement le contraire, et l'ont entièrement lavé de cette tache. Que V. A. R. se souvienne de ce qu'en dit Plutarque, l'écrivain le plus sage et le plus véridique de l'antiquité. « Socrate ne cherchait point avec lui, dit-il dans la Vie d'Alcibiade, une volupté efféminée et indigne d'un homme, et ne demandait point de ces faveurs infâmes et criminelles » (notez, s'il vous plaît, monseigneur, que Plutarque est un auteur païen, et que ces paroles prouvent évidemment que la morale des païens vertueux n'autorisait nullement ces sortes de vices); « mais il guérissait la corruption de l'âme d'Alcibiade, remplissait le vide de son esprit, et rabattait sa vanité insensée. Alors, frappé de la force de ses raisons victorieuses, Alcibiade fit, pour me servir de ce proverbe, comme un coq qui, après un long combat, va traînant l'aile, et se reconnaît vaincu. Il »