<IV>dance de Frédéric II avec le comte Algarotti, 1799, p. 23, 24 et 27). D'autre part, Voltaire écrivit à son ami Thieriot, le 21 juin 1741 : « Les vers qui regardent le roi de Prusse, et qui sont en manuscrit à quelques exemplaires de la Henriade, ne sont plus convenables. Ils n'étaient faits que pour un prince philosophe et pacifique, et non pour un roi philosophe et conquérant. Il ne me siérait plus de blâmer la guerre, en m'adressant à un jeune monarque qui la fait avec tant de gloire. »
Ainsi l'Avant-propos de Frédéric resta ignoré jusqu'au moment où Marmontel, dans sa Préface pour la Henriade (1746), livra à la publicité les deux fragments qui commencent par les mots : « Les difficultés qu'eut à surmonter M. de Voltaire, etc., » et, « Quant à la saine morale, etc. » Il fut imprimé en entier, pour la première fois, en tête de la Henriade, dans la Collection complette des Œuvres de M. de Voltaire, Genève, chez les frères Cramer, 1756, in-8, t. I, et, plus tard, dans la Collection complette des Œuvres de M. de Voltaire publiée par les mêmes libraires, Genève, 1768, in-4, t. I, p. ix-xvii. Ce morceau est intitulé dans les deux éditions : « Avant-propos, composé par un des plus augustes et des plus respectables protecteurs que les lettres aient eu dans ce siècle, et dont on n'avait vu qu'un fragment cité dans la préface de M. Marmontel. » M. Bouchot, en reproduisant l'Avant-propos de Frédéric dans son édition des Œuvres de Voltaire, t. X, p. 15 à 24, a suivi le texte de l'édition Cramer de 1768, en y faisant quelques corrections.
Cette pièce se trouve dans les Œuvres posthumes du Roi (t. VI, p. 169-188), dont les éditeurs se sont évidemment servis d'un manuscrit autographe de Frédéric. Si l'on compare le texte Cramer et celui des Œuvres posthumes, on verra que Voltaire, en ajoutant à ses Œuvres le travail du Roi, en a retouché le style, et, de plus, qu'il y a omis un passage de douze lignes qui le concerne; ce passage (page 55 de notre édition) commence par les mots : « Quiconque a la connaissance du monde, » et finit par « que leurs crimes ont rendus ses ennemis. » Les éditeurs de Berlin, de leur côté, ont effacé (p. 57 de notre édition) les trois lignes où la question de l'emploi du merveilleux dans la Henriade est débattue, depuis « Tant la poésie et l'éloquence » jusqu'à « capables de séduire. » Nous avons emprunté ce dernier passage à l'édition de Genève de 1768, pour en compléter le texte de Berlin, qui est intitulé Avant -propos sur la Henriade de M. de Voltaire, et sert de base à notre édition, à défaut du manuscrit original. Suivant une spécification d'autographes de Frédéric le Grand, l'original a été daté du 10 août 1739, jour où l'Auteur se trouvait aux haras de Prusse, à Trakehnen.