Anhang : Die erste Niederschrift des Eloge de Voltaire.
Das Autograph, auf einer Lage von vier Quartblättern geschrieben, deren Seiten gezählt sind, ist jetzt unvollständig; es fehlen die beiden inneren Blätter S. 3-6, deren Inhalt etwa VII, 56 Mitte bis 67 oben entsprach. Auf dem leergebliebenen Raum von S. 7 hat der König einen Satz aus dem jetzt verlorenen Stück noch einmal geschrieben, augenscheinlich weil ihm die erste Passung nicht genügte.
Trotz des fragmentarischen Charakters kann diese erste Fassung ein gewisses Interesse in Anspruch nehmen; nicht weil sie wieder einmal zeigt, dass der erste Entwurf kürzer, stilistisch weniger gefeilt ist als der endgültige Text, sondern weil aus ihm deutlich zutage tritt, über welches geschichtliche und literarische Wissen der König verfügte ohne Bücher und sonstige Hilfsmittel; denn nach den von de Catt notierten Quartieren ist diese Niederschrift zwischen den 19. Sept. und 15. Okt. 1778 entstanden in den letzten Wochen des bairischen Erbfolgekrieges vor dem Rückmarsch aus Böhmen.
Anm. Thiébault (Mes souvenirs 1827 I. S. 99 ff.) berichtet über das Eloge: Ihm sei das Eloge durch einen Feldjäger zugestellt worden mit einem Billet des Königs : le professeur Thiébault me renverra l'ouvrage avec ses remarques aussitôt qu'il les aura faits; er habe es mit seinen Bemerkungen zurückgeschickt, worauf ihm der König den verbesserten Text habe zustellen lassen mit dem Befehl, ihn in der nächsten öffentlichen Sitzung der Akademie vorzulesen, in 8° drucken zu lassen, ihm 6 und in seinem Auftrage 12 Exemplare an d'Alembert zu schicken.
Eloge de Voltaire.
Dans tous les siècles, où l'esprit humain a été le plus cultivé, surtout chez les nations ingénieuses et polies, les hommes d'un rare génie ont été honorés4-1 par les suffrages de tous leurs contemporains. Sept villes de la Grèce se disputèrent la gloire d'avoir vu naître Homère dans leur sein, le peuple d'Athènes, dont l'éducation était la plus perfectionée, savait son Iliade par coeur et la Grèce applaudissait à la verve5-2 d'un poète, qui célébrait les hauts faits de ses héros. Sofocle, qui épura la scène et remporta la palme du théâtre, non seulement considéré pour ses talents exerça des charges considérables dans la république d'Athènes; on sait de quelle estime6-3 Echile Démosthène et Periclès jouirent; on n'ignore pas que ce dei'nier orateur sauva deux fois la vie à Diagoras la première en le garantissant contre la7-4 fureur fanatique des sophistes et la seconde en l'assistant par ses générosités. Quiconque avait des talents8-5 était sûr en<21> Grèce de trouver des admirateurs et même des enthousiastes. Philippe de Macédoine choisit Aristote comme le seul précepteur digne d'élever Alexandre; les bons auteurs étaient distingués; les ouvrages de Thucydide et de Xénophon étaient entre les mains de tout le monde. Il en fut de même dans les beaux temps de Rome; l'éloquence et l'esprit philosophique élevèrent Cicéron au comble des honneurs, Lucrèce ne vécut pas assez pour jouir de sa gloire, Virgile et Horace honorés des suffrages du premier peuple du monde eurent part aux familiarités d'Auguste et aux récompenses qu'il répandait libéralement à ces génies extraordinaires, qui honoraient son règne.
Depuis la renaissance des lettres on se souvient avec plaisir de l'empressement, avec lequel les Médicis et quelques souverains Pontifes accueillirent les gens de lettres distinguées par leurs talens. Pétrarque fut couronné poète et la mort ravit au Tasse le même honneur, qui lui était destiné au Capitole, au même endroit, où triomphèrent les vainqueurs du monde.
Louis XIV, qui accumulait tous les genres de gloire, ne négligea pas celle de récompenser les hommes extraordinaires, que la nature produisait sous son règne; non seulement il distingua Racine, Boileau, mais il répandait même ses bienfaits dans des pays étrangers sur des hommes de lettres, dont la réputation lui fut connue.
Tel a été le cas qu'on a fait dans tous les âges de ces hommes de génie qui semblent ennoblir l'espèce humaine; on ne trouvera donc pas étrange que nous payions aux mânes du grand homme, que l'Europe vient de perdre, le tribut d'éloge et de l'admiration, qu'il a si bien méritée.
Ce serait déshonorer Monsieur de Voltaire que de rechercher sa naissance. A l'opposé de ces hommes, qui doivent tout à leurs ancêtres et rien à eux-mêmes, il était lui-seul l'instrument de sa fortune9-1 et de sa réputation. Ses parents, qui avaient des emplois dans la Eobe, lui donnèrent une éducation honnête; il fit ses études sous l'inspection du Père Porée et du Père Tournemine, ils ne tardèrent pas de découvrir en lui les étincelles de ce génie brillant, qui se manifesta depuis dans ses ouvrages. Après qu'il eut achevé ses études, il entra dans la maison de Madame de Rupelmonde, qui charmée de la vivacité de son esprit et de son talent pour la poésie le produisit dans les meilleures sociétés de Paris; ce fut dans cette école, qu'il se forma et perfectionna le goût et qu'il acquit ce tacte fin, cette politesse et cette urbanité, auxquels ne parviennent jamais les savants et les érudits, qui trop peu répandus dans le monde, qu'ils ne connaissent point, passent en solitaires leur vie au fond de leurs cabinets. Le ton de la bonne compagnie, qui règne dans les ouvrages de Monsieur de Voltaire, leur a principalement value la vogue, dont ils jouissent.
Sa tragédie || d'Oedipe10-2 et quelques vers de société l'avaient fait connaître au public comme poète, lorsque sous la régence du duc d'Orléans il se publia une satire injurieuse contre ce prince. L'auteur de cette oeuvre de ténèbre, pour éviter d'en être soupçonné, en chargea Monsieur de Voltaire; le jeune poète, tout innocent qu'il était, fut enfermé à la Bastille, où il resta quelque mois, avant qu'il pût se justifier entièrement11-3. Ce fut à la Bastille même qu'il composa les deux premiers chants de la Henriade; il les<22> apprit par coeur ne pouvant pas les écrire; après sou élargissement ulcéré des traitements qu'il avait reçus dans sa patrie, il passa en Angleterre. Non seulement il fut bien accueilli du public, mais en bientôt les Anglais devinrent ses enthousiastes. Ce fut à Londres, qu'il mit la dernière main au poème de la Henriade, qu'il publia alors sous le nom du Poème de la Ligue. Monsieur de Voltaire, qui savait tout mettre a profit, étudia pendant qu'il était en Angleterre, les ouvrages des meilleurs philosophes qu'il y avait alors dans le monde; il saisit le fil, avec lequel le sage Locke se conduisait dans la dédale de la métaphysique et il s'appropria si bien le calcul et les découvertes de l'immortel Newton que dans un abrégé, où il exposa ce système, il le mit à la portée de tout le monde. Monsieur de Fontenelle était l'unique avant lui, qui avait aprivoisé l'astronomie à un tel degré qu'elle put amuser l'oisiveté du beau-sexe. Tout ce qu'il y avait de plus illustre en Angleterre, se déchirait à qui aurait Monsieur de Voltaire. Cependant quelque flatteur que fût ce triomphe, l'amour de la patrie l'emporta sur la vaine gloire et il retourna en France. Cette nation éclairée par les suffrages, que Monsieur de Voltaire avait recueillis en Angleterre, commença à soupçonner qu'elle avait produit un grand homme. Alors parurent les Lettres sur les Anglais12-1, la tragédie de Mariane, de Brutus et une foule d'autres pièces. Quelque temps après Monsieur de Voltaire fit connaissance avec la Marquise du Chatelet. Cette dame si célèbre est trop connue par13-2 son amour pour les sciences14-3 pour qu'on y ajoute des éloges étrangers. Le désir de s'instruire et l'ardeur de connaître le peu de vérité, qui sont à la portée de l'esprit humain, reserra les liens d'une amitié indissoluble entre la Marquise et le poète. Madame du Chatelet abandonna bientôt la Theodicée de Leibnitz pour la métaphysique de Locke, elle apprit assez de géométrie pour suivre Newton dans ses calculs et pour en composer une espèce d'abrégé qui servit d'instruction à son fils. Cirey devint la retraite philosophique de ces deux amis, qui travaillant chacun à des ouvrages de différents genres se communiquaient réciproquement leurs productions.
Là furent composés Zaire, Alzire, Mérope, Semiramis, Catilina, Electra. Monsieur de Voltaire ne se bornait pas au plaisir d'enrichir le théâtre, ce fut proprement pour l'usage de la Marquise du Chatelet qu'il composa son Essai sur l'histoire universelle et celle du Siècle de Louis XIV. Son Histoire de Charles XII avait déjà paru.
Il n'y eut que la mort de Madame du Chatelet, qui mit fin à cette belle union. Bientôt il fut appelé par le Roi de Prusse, qui l'ayant déjà vu, désira de posséder un génie aussi rare qu'unique. Ce fut l'année 17 ... qu'il vint à Berlin. Il n'y avait aucune connaissance qui lui échappait, sa conversation était universelle, instructive et agréable, la vivacité de son imagination lui fournissait sur tel sujet que ce fût, des contes aussi ingénieux que plaisants; enfin il faisait les délices de toutes les sociétés, où il se trouvait. Une malheureuse dispute, qu'il eut avec Monsieur de Maupertuis, brouilla ces deux philosophes et la guerre qui survint en 165615-4 inspira à Monsieur de Voltaire le désir de se ||<23>
Gedruckter Text VII, 66. | Entwurf. |
Voyez, lequel est le plus chrétien, ou le magistrat qui force cruellement une famille à s'expatrier ou le philosophe qui la recueille et la soutient; le juge qui se sert du glaive de la loi pour assassiner un étourdi ou le sage qui veut sauver la vie du jeune homme pour le corriger; le bourreau de Calas ou le protecteur de sa famille désolée? | auquel donnera-t-on la préférence à la16-1 ... celui qui persécute les Sirven ou celui qui les protège et les sauve, celui qui condamne et fait exécuter à mort le malheureux La Barre ou celui qui fait plaider pour l'absoudre? le bourreau des Calas ou le protecteur17-2 de sa famille? Si la charité fait la première vertu du christianisme, c'est au lecteur18-3 de prononcer l'arrêt. |
Gedruckter Text VII, 67. | Erster Entwurf S. 7. |
se manifesta une espèce de paralysie qui fut suivie du coup d'apoplexie qui termina ses jours. | le coup d'apoplexie, qui termina ses jours. |
Quoique M. de Voltaire fût d'une constitution faible, quoique le chagrin, le souci et une grande application aient affaibli son tempérament, il poussa pourtant sa carrière jusqu'à la quatre-vingt-quatrième année. Son existence était telle qu'en lui l'esprit l'emportait en tout sur la matière; c'était une âme forte qui communiquait sa vigueur à un corps presque diaphane. Sa mémoire était étonnante, et il conserva toutes les facultés de la pensée et de l'imagination jusqu'à son dernier soupir. Avec quelle joie vous rappellerai-je, messieurs, les témoignages d'admiration et de reconnaissance que les Parisiens rendirent à ce grand homme durant son dernier séjour dans sa patrie ! 11 est rare mais il est beau que le public soit équitable et qu'il rende justice à leur vivant à ces êtres extraordinaires que la nature ne se complaît de produire que de loin en loin, afin qu'ils recueillent de leurs contemporains mêmes les suffrages qu'ils sont sûrs d'obtenir de la postérité. L'on devait s'attendre qu'un homme qui avait employé toute la sagacité de son génie à célébrer | Il avait poussé sa carrière à 84 années, quoiqu'il fût d'une constitution faible, quoique le chagrin eût souvent contribué à miner ses forces. Il semble qu'en lui l'esprit l'emportât en tout sur la matière. Nous ne négligerons pas de rendre justice aux témoignages d'affection, au zèle, aux honneurs que ses concitoyens lui rendirent durant son dernier séjour à Paris. Il est glorieux à une nation de connaître le prix des grands hommes qui lui communiquent leur lustre, il est beau, il est juste que le public soit équitable et qu'il distingue de leur vivant ces êtres extraordinaires que la nature a privilégiés et que ces hommes rares recueillent de leurs propres contemporains ce qu'ils sont sûrs d'obtenir de la postérité. |
la gloire de sa nation, en verrait rejaillir quelques rayons sur lui-même. Les Français l'ont senti et par leur enthousiasme ils se sont rendus dignes de partager le lustre que leur compatriote a répandu sur eux et sur le siècle. Mais croirait-on que ce Voltaire auquel la profane Grèce aurait élevé des autels, qui eût eu dans Rome des statues, auquel une grande impératrice, protectrice des sciences, voulait ériger un monument à Petersbourg : qui croira, dis-je, qu'un tel être pensa manquer dans sa patrie d'un peu de terre pour couvrir ses cendres? Et quoi ! dans le dix-huitième siècle, où les lumières sont plus répandues que jamais, où l'esprit philosophique a tant fait de progrès, il se trouvera des hiérophantes, plus barbares que les Hérules, plus dignes de vivre avec les peuples de la Taprobane que de la nation française, aveuglés par un faux zèle, ivres de fanatisme, qui empêcheront qu'on ne rende les derniers devoirs de l'humanité à un des hommes les plus célèbres que jamais la France ait portés! Voilà cependant ce que l'Europe a vu avec une douleur mêlée d'indignation. Mais quelle que soit la haine de ces frénétiques et la lâcheté de leur vengeance de s'acharner ainsi sur des cadavres, ni les cris de l'envie ni leurs hurlements sauvages ne terniront la mémoire de M. de Voltaire. Le sort le plus doux, qu'ils peuvent attendre, est qu'eux et leurs vils artifices demeurent ensevelis à jamais dans les ténèbres de l'oubli, tandis que la mémoire de M. de Voltaire s'accroîtra d'âge en âge et transmettra son nom à l'immortalité. | Qui dirait qu'un homme, auquel la profane Grèce eût élevé des autels, qui eût eu des statues à Rome, auquel une grande impératrice, protectrice des arts et des sciences, aurait érigé un monument à Petersbourg qui dirait qu'un homme pareil pensa manquer d'un peu de terre dans sa patrie pour couvrir ses cendres? Qui dirait que dans le 18ème siècle où les lumières sont plus répandues que dans tous les précédents, il se trouverait des ecclésiastiques, barbares et Hérules plus dignes des peuples de la Taprobane que de la nation française, qui s'opposeraient à laisser inhumer un des hommes les plus célèbres que la France a jamais porté? Voilà cependant ce que l'Europe a vu avec une douleur mêlée d'indignation. Mais quelques soient les cris de l'envie et les hurlements du fanatisme et de la déraison, ces vapeurs infectes qui s'élèvent du fond de l'abîme, ne souilleront point la vérité et le nom de ces fanatiques imbéciles demeurera enseveli dans un oubli éternel tandisque la mémoire de M. de Voltaire s'accroîtra d'âge en âge et transmettra son nom à l'immortalité. |
10-2 d'Oedipe am Rande.
11-3 das Kreuz nachträglich dazwischen geschr.
12-1 hinter Anglais ein Wort durchgestr.
13-2 connue pour 1.
14-3 hinter sciences ausgestrichen : qu'il serait superflu d'y ajouter nos éloges.
15-4 so die Hdschr.
16-1 à la durchgestr., darübergeschr. : lequel est le plus chrétien.
17-2 support darübergeschr.
18-3 au lecteur durchgestr., à vous darübergeschr.
4-1 ont été honorés übergeschr.
5-2 applaudissait à la gloire 1.
6-3 de quelle estimation 1.
7-4 sauvant de la 1.
8-5 talents en 1.
9-1 de sa réputation.