naux et les documents les plus authentiques, et presque toujours selon le sens dans lequel les personnages sont traités par le royal écrivain.
Un grand nombre de ces illustrations sont purement allégoriques ou emblématiques. C'est là que M. Menzel a été le moins enchaîné par le texte. C'est aussi, il faut l'avouer, la partie de son oeuvre qui sera la moins goûtée et la moins comprise du public français. La pensée y est toujours puissante, originale, incisive, mais souvent surchargée de détails et d'intentions qui en alourdissent et même en obscurcissent l'expression. Le secours d'un argument explicatif devient indispensable.1
Toutes ces vignettes étaient demeurées jusqu'ici à peu près inconnues du grand public, aussi bien en Allemagne qu'à l'étranger. Autant l'ouvrage de Kugler était populaire de l'autre côté du Rhin, autant celui-ci était ignoré. Perdue dans les trente volumes de l'édition officielle, cette oeuvre, où l'artiste avait dépensé des trésors de verve, d'esprit et d'imagination, serait restée pour toujours dérobée à l'admiration des amateurs, si l'administration du Musée de Berlin, dépositaire des bois originaux, ne s'était décidée à autoriser un tirage spécial des illustrations de M. Menzel.
La présente édition est donc un tirage à part, destiné à populariser un monument d'art de premier ordre et à mettre à la disposition du public français une oeuvre qui par beaucoup de côtés touche à la vie politique, artistique et littéraire de notre pays, pendant le XVIIIe siècle, et dans laquelle revivent tant de figures françaises.
En effet, le sujet ne nous tient-il pas de près et l'histoire de Frédéric II n'est-elle pas intimement mêlée à notre histoire? Les philosophes, les beaux esprits, toutes les personnalités éminentes de la France, avec lesquelles le roi de Prusse correspondait ou qu'il avait attirées à sa cour, les généraux de la guerre de Sept ans, les savants et les artistes de l'époque reviennent constamment sous le crayon de M. Menzel: M me de Pompadour, Voltaire, Rousseau, le Maréchal de Saxe, Rollin, d'Alembert, Fontenelle,
1 Tout le texte explicatif des gravures est dû à la plume très autorisée de M. L. Pietsch. Nous n'avons fait qu'en réviser attentivement la traduction.