LXXXI.

Le roi prêche avec chaleur et éloquence sur les devoirs sacrés des souverains envers leurs peuples. Il présente aux princes de son temps leur propre image, comme dans un miroir, sans en nommer aucun; il énumère et flétrit les fautes et les vices que les gouvernants peuvent et doivent éviter. „Les princes, les souverains, les rois ne sont donc pas revêtus de l'autorité suprême, pour se plonger impunément dans la débauche et dans le luxe; ils ne sont pas élevés au-dessus de leurs concitoyens pour que leur orgueil, se pavanant dans la représentation, insulte avec mépris à la simplicité des mœurs, à la pauvreté, à la misère; ils ne sont point à la tête de l'Etat pour entretenir auprès de leurs personnes un essaim de fainéants dont l'oisiveté et l'inutilité engendrent tous les vices. Ainsi un prince adonné aux femmes se laissera gouverner par ses maîtresses et ses favoris.“

L'artiste traduit cette exhortation en action, et représente l'auteur s'adressant à un auditoire de princes. On ne voit que de dos l'orateur, qui s'est levé de son<44>siège dans un noble mouvement d'indignation, mais on devine la stature et la tournure du roi Frédéric. On reconnaît très bien, par contre, assises sur des trônes près de lui, à gauche Marie-Thérèse, à droite Catherine de Russie qui regarde avec une expression légèrement moqueuse le zélé moraliste. De tous les autres princes rangés en cercle, un seul écoute avec attention. Deux autres se sont endormis pendant l'exhortation; ce sont sans doute ceux auxquels elle s'adressait le plus directement.