<24>de sa propre main un terme à ses jours et de ne pas survivre à la ruine de la Prusse. La composition allégorique de Menzel montre un conducteur de char, nu, debout, ayant les traits de Frédéric II; il tient les rênes tendues et fait des efforts désespérés pour retenir, sur la pente d'un précipice où tout l'attelage menace de se précipiter, les trois coursiers qui se cabrent en entraînant son char. Le sujet traduit la situation du roi dans cette terrible période de la guerre de Sept ans, et se rapporte spécialement à ce passage de l'épître:
Pour moi, que le torrent des grands événements
Entraîne en sa course orageuse,
Je suis l'impulsion fâcheuse
De ses rapides mouvements.
CXVI.
Frédéric II dépeint à sa sœur Amélie la situation désespérée où il se trouvait, avec son pays, à ce moment de la guerre de Sept ans. Il cherche à démontrer, par de nombreux exemples tirés de l'histoire, et par sa propre expérience, que le hasard aveugle gouverne le monde, dirige le cours de l'histoire, et anéantit les conseils de l'habileté et de la prévoyance. Il se plaint du démon qui embrouille les idées de ses soldats:
.... L'ennemi, remuant, inquiet,
Roule dans son esprit un dangereux projet;
Il faut ou le combattre, ou succomber sur l'heure,
Il faut que d'un héros l'âme supérieure
Donne l'exemple en tout, du dernier au premier.
Ainsi, près de l'Euphrate, un antique palmier
Elève les rameaux de sa superbe tête,
Brave sans s'ébranler l'assaut de la tempête,
Tandis que l'aquilon, au bord des vives eaux,
Courbe les tendres joncs et brise les roseaux.
C'est ainsi que Menzel représente ici Frédéric II, ferme et immobile au milieu des dangers qui le menacent de tous côtés, et dont le seul aspect fait trembler ses soldats et ses officiers; il se tient calme à cheval, sous le feu de l'ennemi.