CXXXII.

Mademoiselle Wilhelmine de Knesebeck (née en 1668, morte en 1744), dame d'honneur de la reine Sophie-Dorothée, est célébrée par Frédéric II, vingt-neuf ans après sa mort, comme „la plus grande héroïne de nos temps“ . A l'appui de cette qualification, l'épître du roi raconte la scène retracée avec tant de vie par le crayon de Menzel. Dans une promenade hors des portes de Berlin, au Thiergarten, près des bords de la Sprée, les chevaux de sa voiture s'emportèrent comme ceux d'Hippolyte, et partirent le mors aux dents, entraînant la voiture où elle se trouvait. Mlle de Knesebeck prit sur-le-champ un parti héroïque, décisif, et le mit à exécution sans faiblir, sans s'émouvoir, l'air assuré et le maintien libre:

<32>Elle se lance, et, connaissant à fond
Les lois qu'observe un corps en équilibre,
Elle retombe heureusement à plomb,
Tandis qu'au loin, d'une course rapide
Ses six coursiers entraînèrent leur guide.

Le dessin s'écarte un peu des détails de ce récit: la voiture, fort légère, n'est attelée que de deux chevaux, et le siège est déjà veuf de son cocher.