<102> accorder : deux mille Brandebourgeois se joignirent aux troupes de Sobieski, et aidèrent les Polonais à repousser les Turcs qui les attaquaient.
Tous les événements semblaient concourir aux avantages de l'Électeur. Louis XIV dont la politique avait protégé les protestants d'Allemagne contre l'Empereur, persécuta ceux de son royaume qui étaient inquiets et remuants, et il troubla la France par la révocation du fameux édit de Nantes. Il se fit une émigration dont on n'avait guère vu d'exemples dans l'histoire : un peuple entier sortit du royaume par esprit de parti, en haine du pape, et pour recevoir sous un autre ciel la communion sous les deux espèces. Quatre cent mille âmes s'expatrièrent ainsi et abandonnèrent tous leurs biens, pour détonner dans d'autres temples les vieux psaumes de Clément Marot; beaucoup enrichirent l'Angleterre et la Hollande de leur industrie; vingt mille Français s'établirent dans les États de l'Électeur. Leur nombre répara en partie le dépeuplement causé par la guerre de trente ans. Frédéric-Guillaume les reçut avec la compassion qu'on doit aux malheureux, et avec la générosité d'un prince qui encourage les possesseurs d'arts utiles à ses peuples. Cette colonie prospéra toujours, et récompensa son bienfaiteur de sa protection; l'électorat de Brandebourg puisa depuis dans son propre sein une infinité de marchandises qu'auparavant il avait été obligé d'acheter de l'étranger.
Frédéric-Guillaume s'aperçut que sa piété le brouillerait avec Louis XIV; et comme on regardait en France de mauvais œil l'asile qu'il avait accordé aux réfugiés, il contracta de nouvelles liaisons avec l'Empereur, et lui envoya, sous la conduite du général Schöning, huit mille hommes, pour s'en servir contre les Turcs en Hongrie. Ces troupes eurent grande part à la prise de Bude; elles acquirent une réputation distinguée à l'assaut général de cette ville, où elles entrèrent des premières. L'Empereur leur refusa cependant, après cette campagne, des quartiers en Silésie, et elles retournèrent hiverner