<130> Louis XIV fut touché de sa beauté; mais des raisons de politique firent échouer son mariage avec le duc de Bourgogne. Cette princesse amena en Prusse l'esprit de société, la vraie politesse, et l'amour des arts et des sciences. Elle fonda, comme on l'a dit plus haut, l'Académie royale; elle appela Leibniz et beaucoup d'autres savants à sa cour. Sa curiosité voulait saisir les premiers principes des choses; Leibniz, qu'elle pressait un jour sur ce sujet, lui dit : « Madame, il n'y a pas moyen de vous contenter; vous voulez savoir le pourquoi du pourquoi. » Charlottenbourg était le rendez-vous des gens de goût; toutes sortes de divertissements et de fêtes variées à l'infini, rendaient ce séjour délicieux et cette cour brillante.
Sophie-Charlotte avait l'âme forte; sa religion était épurée; son humeur, douce; son esprit, orné de la lecture de tous les bons livres français et italiens. Elle mourut à Hanovre, dans le sein de sa famille; on voulut introduire un ministre réformé dans son appartement : « Laissez-moi mourir, lui dit-elle, sans disputer. » Une dame d'honneur qu'elle aimait beaucoup, fondait en larmes : « Ne me plaignez pas, reprit-elle, car je vais à présent satisfaire ma curiosité sur les principes des choses, que Leibniz n'a jamais pu m'expliquer, sur l'espace, sur l'infini, sur l'être et sur le néant; et je prépare au roi mon époux, le spectacle d'une pompe funèbre où il aura une nouvelle occasion de déployer sa magnificence. » Elle recommanda, en mourant, à l'Électeur, son frère, les savants qu'elle avait protégés, et les arts qu'elle avait cultivés; Frédéric Ier se consola, par la cérémonie de ses obsèques, de la perte d'une épouse qu'il n'aurait jamais pu assez regretter.
En Italie, la guerre commençait à devenir plus vive. Les Prussiens que mylord Marlborough y avait fait marcher, furent battus à Cas-