<139> ministres, et de lui répéter si souvent la même chose, que Wittgenstein fut envoyé à la forteresse de Spandow, et Wartenberg exilé. Le Roi se sépara du grand chambellan qu'il chérissait, en fondant en larmes; Wartenberg se retira dans le Palatinat avec une pension de vingt mille écus, et il y mourut peu après sa disgrâce.
Dans le Nord, Charles XII avait refusé la neutralité, comme nous venons de le dire; le Czar, les rois de Pologne et de Danemark se servirent de ce prétexte, pour l'attaquer en Poméranie. Frédéric Ier refusa constamment d'entrer dans cette ligue; il ne voulait point exposer ses États aux incursions, aux ravages et aux hasards de la guerre, et il espéra même de gagner, par sa neutralité, aux dissensions de ses voisins. Le commencement des opérations ne leur fut pas favorable : les Danois levèrent le siége de Wismar; et Auguste leva ceux de Stralsund et de Stettin.
Pendant que l'Europe était travaillée par ces convulsions, que l'espérance, l'intérêt et l'ambition soufflaient la discorde dans les cœurs des deux partis, mourut l'empereur Joseph. L'Empire élut à sa place l'archiduc Charles, qui était alors bloqué dans Barcelone, après avoir été couronné, et chassé ensuite de Madrid après la perte de la bataille d'Almanza.
La mort de Joseph aplanit le chemin à la paix générale : les Anglais, qui commençaient à se lasser de tant de dépenses, ouvrirent les yeux sur l'objet de cette guerre, à mesure que les nuages de leur enthousiasme vinrent à se dissiper; ils se convainquirent que la maison d'Autriche serait assez puissante en conservant ses pays héréditaires, le royaume de Naples, le Milanais et la Flandre; et ils se disposèrent à tenir des conférences à Utrecht, dans le dessein de faire la paix.
Le Roi qui désirait de terminer les démêlés de la succession d'Orange par un traité définitif, se rendit dans le pays de Clèves pour régler cette affaire avec le prince de Frise : mais ce malheureux prince se noya au passage du Mœrdyk, en voulant se rendre à la Haye.