<190> de Glogau, et que les Russes étaient entrés sur les terres de la République, la France déclara la guerre à l'Empereur. Son manifeste annonçait qu'elle n'en voulait qu'à l'Empereur, et point à l'Empire; mais, par une contradiction que le cardinal Fleury aurait pu éviter facilement, les armées françaises, ayant passé le Rhin à Strasbourg, prirent Kehl, qui est une forteresse de l'Empire. Les ennemis de la France profitèrent de cette faute, et tirèrent des inductions malignes d'une conduite qu'ils avaient intérêt de rendre suspecte. En même temps, la guerre s'alluma en Italie. Les troupes françaises joignirent celles du roi de Sardaigne auprès de Verceil; elles prirent Pavie, Milan, Pizzighetone et Crémone. Le marquis de Montemar se joignit aux alliés, et les Espagnols se préparèrent à la conquête du royaume de Naples.
Quoique l'Angleterre ne fût point impliquée dans cette guerre, elle pensa être ébranlée par des troubles domestiques. George II avait formé le projet de se rendre entièrement souverain dans la Grande-Bretagne. C'était une entreprise qu'il ne pouvait pas conduire à force ouverte, mais sourdement et par des vues détournées. Introduire l'accise en Angleterre, c'était enchaîner la nation; si l'affaire eût réussi, elle aurait donné au Roi un revenu fixe et assuré, dont il aurait augmenté le militaire, et affermi sa puissance : Walpole proposa l'introduction des accisesa à quelques membres du parlement dont il se croyait assuré; mais ceux-ci lui déclarèrent que s'il les payait, c'était pour souscrire au courant des sottises, mais non pas aux extraordinaires, comme l'était celle-là.
Malgré ces représentations, Walpole porta l'affaire au parlement, où il harangua avec tant de force, que son éloquence l'emporta sur
a L'accise, introduite pour la première fois en Angleterre durant les guerres civiles de 1643, fut conservée à la restauration, et par la suite augmentée peu à peu. Les principales marchandises sujettes à l'accise furent premièrement le malt, le sel et l'eau-de-vie. Sir Robert Walpole voulait qu'on imposât surtout le vin et le tabac; mais, dans son discours du 14 mars 1733, il ne parla que du tabac.