<199> armées impériales en Hongrie. Mais l'Empereur, rebuté de ses malheurs et d'une guerre qui le couvrait de honte, eut recours à la médiation de la France pour moyenner la paix. Le sieur de Villeneufve, ambassadeur de France à la Porte, se rendit dans le camp des Turcs; et les Russes, alarmés de cette démarche, y envoyèrent un Italien, nommé Cagnoni.
Le maréchal de Neipperg fut chargé par l'Empereur de cette négociation. L'Empereur et le grand-duc de Toscane en pressaient également la fin; les ordres du maréchal étaient de faire la paix, à quelque prix que ce fût. Il eut l'imprudence de se rendre chez les Turcs sans aucune sûreté, et sans être muni des passe-ports qu'on demande toujours en pareilles occasions. Il fut arrêté, la peur le saisit, et il signa la paix avec précipitation : il en coûta à l'Empereur le royaume de Servie et la ville de Belgrad.a La fermeté de Cagnoni en imposa au vizir : cet Italien eut l'adresse de conclure en même temps la paix pour les Moscovites, dont les conditions furent que l'Impératrice rendrait Asow et toutes ses conquêtes.
Olivier Wallis ne se trompa pas beaucoup dans le pronostic qu'il avait fait. Il fut mis en prison dans la forteresse de Brünn; et Neipperg, moins coupable encore, fut conduit dans la citadelle de Glatz.b Ce maréchal avait eu, outre les ordres de l'Empereur, des instructions positives du grand-duc pour hâter l'ouvrage de la paix. Ce prince craignait que l'Empereur, son beau-père, ne mourût avant la fin de cette guerre, et ne lui attirât sur les bras, par la succession litigieuse des pays héréditaires, de nouveaux ennemis, auxquels il n'aurait pas été en état de résister.
Bientôt une nouvelle guerre s'alluma dans le Sud, entre l'Angleterre et l'Espagne, à cause de la contrebande que les marchands
a Le royaume de Servie et la Valachie autrichienne.
b Le comte Neipperg était en prison à Raab.