<220> depuis l'année 1733, le premier rang chargea, la bayonnette au bout du fusil.
L'exercice se faisait alors de la façon suivante : on commençait par le maniement des armes; ensuite on chargeait par pelotons et par divisions; on avançait lentement en faisant le même feu; on faisait la retraite à peu près également; après quoi, on formait deux quarrés, impraticables vis-à-vis des ennemis; et l'on finissait par un feu de haie très-inutile. Cependant toutes ces évolutions se faisaient déjà avec tant de précision, que les mouvements d'un bataillon étaient semblables au jeu des ressorts de la montre la mieux faite.
Le Roi abolit les manteaux, et raccourcit l'habillement dans l'infanterie; et, pour la rendre plus légère dans sa marche, il affecta à chaque compagnie deux chevaux de bât, pour porter en campagne les tentes et les couvertures des soldats.
Le Roi institua par prévoyance, dans toutes ses provinces, des magasins d'abondance, qui servaient à soulager le peuple en temps de disette, et qui lui procuraient des magasins tout faits pour l'armée en temps de guerre.
Vers l'année 1730, la fureur des grands hommes parvint à un point que la postérité aura peine à le croire : le prix commun d'un homme de cinq pieds dix pouces du Rhin, était de sept cents écus; un homme de six pieds était payé mille écus; et, s'il était plus grand, le prix augmentait encore de beaucoup; il y avait plusieurs régiments qui n'avaient point d'hommes au-dessous de cinq pieds huit pouces; le plus petit homme de l'armée avait cinq pieds six pouces, bien mesurés.
Pour mettre de l'ordre dans ces enrôlements, qui se faisaient dans le pays avec confusion, et qui donnaient lieu à mille procès entre les régiments, dès l'année 1733 le Roi partagea toutes les provinces en cantons : ces cantons furent assignés aux régiments, d'où ils pouvaient tirer en temps de paix trente hommes par an, et en