<250> de Magdebourg, voulant aller à Berlin aux bains publics, rencontra dans la rue une jeune femme de bourgeois, et lui proposa, en badinant, de se baigner avec lui. La femme se trouva offensée de cette proposition : le peuple s'attroupa; et les bourgeois de Berlin, qui n'entendaient pas raillerie, traînèrent le pauvre secrétaire dans une place publique, où ils le décapitèrent sans autre forme de procès. S'ils sont jaloux, du moins exercent-ils à présent des vengeances plus douces.
Le pays croupissait dans une misère affreuse sous la régence des princes des quatre premières races, et il n'en pouvait sortir, passant sans cesse d'une main à une autre. Othon de Bavière fut obligé de vendre l'Électorat à l'empereur Charles IV.58 Celui-ci s'établit à Tangermünde; il y tint une cour brillante, et y bâtit un assez vaste château, dont on voit encore les ruines. Pendant que Josse administrait le Brandebourg, les Vaudois, persécutés en France, se réfugièrent dans la ville d'Angermünde, à laquelle on donna le surnom d'Hérétique. On ne voit pas pourquoi les Vaudois cherchèrent un asile dans le Brandebourg, qui était alors catholique, et pourquoi ils y furent reçus, quoiqu'on détestât leur hérésie.
Les princes de la maison de Luxembourg foulèrent les peuples le plus impitoyablement; ils engageaient l'Électorat, dans leurs besoins, à ceux qui leur prêtaient les plus grosses sommes. Ces créanciers, qui regardaient ce malheureux pays comme une hypothèque, commettaient toutes sortes de vexations pour s'enrichir; ils y vivaient à discrétion, comme dans une province ennemie. Les voleurs infestaient les grands chemins; la police était inconnue, et la justice, hors d'activité. Les seigneurs de Quitzow et de Neuendorff,a indignés du joug odieux que portait leur patrie, firent une guerre ouverte aux soustyrans qui l'opprimaient. Dans cette confusion totale, et pendant cette espèce d'anarchie, le peuple gémissait dans la misère; les nobles
58 En 1373.
a Holtzendorff.