<261> depuis, on frappa les florins et les demi-florins; et le prix du marc d'argent demeura fixé à dix écus.
En 1690, Frédéric Ier se concerta avec l'électeur de Saxe et le duc de Hanovre sur les moyens de soutenir la monnaie sur le pied de la convention de Zinna : mais en ayant reconnu l'impossibilité, ils convinrent que l'espèce courante des florins et des huit-gros serait frappée dans leurs États à raison de douze écus le marc; c'est ce qu'on appelle le pied de Leipzig, qui subsiste encore de nos jours.
Toutes les nouvelles colonies que le Grand Électeur avait établies, ne furent véritablement florissantes que sous Frédéric Ier. Ce prince jouit des travaux de son père. Nous eûmes alors une manufacture de haute lisse égale à celle de Bruxelles; nos galons égalèrent ceux de France; nos miroirs de Neustadt surpassèrent par leur blancheur ceux de Venise; l'armée fut habillée de nos propres draps.
La cour était nombreuse et brillante; les espèces y devenaient abondantes par les subsides étrangers; le luxe parut dans les livrées, les habits, les tables, les équipages et les bâtiments; le Roi eut à son service deux des plus habiles architectes de l'Europe, et un sculpteur, nommé Schlüter, aussi parfait dans son arta que l'étaient les premiers. Bodt fit la belle porte de Wésel; il donna les dessins du château et de l'arsenal de Berlin; il bâtit la maison de poste au coin du grand pont, et le beau portique du château de Potsdam, trop peu connu des amateurs. Eosander éleva la nouvelle aile du château de Königsberg,b et la tour des monnaies, qui fut abattue dans la suite. Schlüter décora l'arsenal de ces trophées et de ces beaux mascarons qui font l'admiration des connaisseurs, et il fit fondre la statue équestre du Grand Électeur, qui passe pour un chef-d'œuvre. Le Roi embellit la ville de
a Schlüter fut en même temps excellent architecte : c'est lui qui bâtit à Berlin la plus grande partie du château, l'hôtel des postes au coin du grand pont, et la tour des monnaies, qui fut abattue dans la suite.
b Charlottenbourg.