<32> politesse et des mœurs de ce temps. En 1611, on tenta un autre accommodement, à Jüterbog, avec l'électeur de Saxe,a au sujet de la même succession, sans que les princes s'y trouvassent, car les entrevues étaient devenues dangereuses; mais le duc de Neubourg protesta contre ce traité, et il ne fut jamais mis en exécution.
Le duc Albert de Prusse, époux de Marie-Éléonore et beau-père de Jean-Sigismond, avait eu le malheur de tomber en démence.b Joachim-Frédéric avait administré la Prusse depuis qu'il se trouvait dans cette triste situation, et Jean-Sigismond se chargea ensuite du même soin. Il reçut de Sigismond III, roi de Pologne, l'investiture de la Prusse pour lui et ses descendants; c'était la troisième investiturec qui avait été donnée à la maison électorale.
Comme la Prusse fut réunie à la maison de Brandebourg par Jean-Sigismond, il n'est pas hors de propos de donner, en peu de mots, une idée de ce que ce pays était originairement, de son gouvernement, et comment il passa au duc Albert, beau-père de l'Électeur.
Le nom de Borussia, dont on a fait Prusse, est composé de Bo, auprès, et de Russia, la Russe, rivière qui est une branche du Niémen, qu'on nomme à présent la Memel. La Prusse fut habitée originairement par des Bohémiens, des Sarmates, des Russes et des Vénèdes. Ces peuples étaient plongés dans l'idolâtrie la plus grossière : ils adoraient les dieux des forêts, des lacs, des rivières, et même des serpents et des élans. Leur dévotion rustique et sauvage ne connaissait pas la
a L'Électeur se trouva en effet à Jüterbog avec quelques autres princes; c'est là que fut conclu un traité avec la Saxe, le 21 mars 1611. La scène du château de Düsseldorf n'eut lieu qu'en 1613.
b Le duc Albert-Frédéric tomba en démence l'an 1573; et, à dater de 1578, le margrave d'Ansbach, George-Frédéric, lui fut donné pour curateur. Après la mort de ce dernier, qui eut lieu en 1603, l'électeur Joachim-Frédéric le remplaça dans ces fonctions, en 1605.
c Cette investiture de la Prusse, du 16 novembre 1611, fut la quatrième investiture donnée à la maison électorale, si l'on admet comme la première celle du 19 juillet 1569, et comme la seconde et la troisième, celles que les ambassadeurs de l'électeur Jean-George reçurent le 27 février 1578 et le 16 avril 1589. Voyez Dogiel, Codex diplom. regni Poloniae, t. IV.