<39>Dès ce temps, l'Électeur et son conseil prévirent les approches de la guerre, et la nécessité qui les y entraînerait par la complication d'événements qui la rendaient presque inévitable : d'un côté, des droits à soutenir sur la succession de Clèves; de l'autre, la guerre de trente ans, et de plus les dissensions que la religion avait fait naître et qui occasionnaient des cabales et des ligues puissantes. Des guerres déjà allumées, et d'autres prêtes à embraser son État, avertissaient George-Guillaume de se préparer à les soutenir lorsqu'il ne pourrait plus l'éviter : son premier ministre, le comte de Schwartzenberg, proposa, par différentes reprises, de lever un corps de vingt mille hommes, qu'il voulait faire passer au service de l'Empereur; mais on prit de si mauvaises mesures, et l'on fit des arrangements si ridicules, qu'on assembla à peine six mille hommes.
Les progrès de la réforme, qui divisait l'Allemagne en deux puissants partis, acheminèrent insensiblement les choses à une guerre ouverte.
Les protestants, intéressés à soutenir l'exercice libre de leur religion, et à retenir les biens des ecclésiastiques qu'ils avaient confisqués, firent une confédération à Lauenbourg. Christian IV, roi de Danemark, et les ducs de Lünebourg, de Holstein, de Mecklenbourg, et l'administrateur de Magdebourg, oncle de l'Électeur, y entrèrent. L'Empereur en prit ombrage; et jugeant au-dessous de lui d'employer les voies de la négociation et de la douceur pour ramener les esprits à un accommodement, il envoya Tilly, à la tête de douze mille hommes, dans le cercle de la Basse-Saxe. Tilly se présenta devant Halle; et quoique la ville se fût rendue sans résistance, il la livra au pillage. Wallenstein s'approcha dans le même temps des évêchés de Halberstadt et de Magdebourg, avec douze mille Autrichiens. Les états de la Basse-Saxe, étonnés de ces hostilités, demandèrent à l'Empereur de s'accommoder; mais ces propositions n'empêchèrent point Tilly ni Wallenstein d'envahir les pays de Halberstadt et de Magdebourg.