<44> 777 mille, 777 écus; ce qui est assurément exagéré de plus de la moitié. Les écrivains de ces temps ne se piquaient point d'exactitude; ils ramassaient des bruits populaires, qu'ils rendaient comme des vérités, et ils ne faisaient pas réflexion que des personnes ruinées trouvent une espèce de consolation à amplifier leurs malheurs et à grossir leurs pertes.

Les orages qui avaient grondé depuis quelques années autour de l'Électorat, se réunirent enfin, et vinrent de tous côtés fondre sur lui. Gustave-Adolphe entra en Allemagne; il fit une descente dans l'île de Rügen,a dont il délogea les Impériaux à l'aide de sa garnison de Stralsund. A l'approche des Suédois, l'Empereur signifia aux électeurs de Saxe et de Brandebourg qu'ils préparassent des vivres et des munitions pour ses troupes, les assurant qu'en faveur de ce service, il modifierait à leur égard son édit de restitution.

Pendant que la diète de Ratisbonne déplorait en beaux discours les malheurs de l'Allemagne, et qu'elle délibérait sur les moyens de la délivrer de tant de maux et surtout de l'invasion du roi de Suède, Gustave-Adolphe, qui ne perdait pas son temps en paroles inutiles, s'empara de toute la Poméranie. Il mit garnison à Stettin, et chassa de ce duché Torquato Conti, qui commandait les Impériaux. Ce général, chassé de la Poméranie par les Suédois, se retira par la Nouvelle-Marche, et s'établit avec ses troupes auprès de Francfort-sur-l'Oder.

Gustave-Adolphe, maître de la Poméranie, fit un traité avec le duc Bogislas, dans lequel il fut stipulé que, si quelqu'un venait à disputer la succession de la Poméranie à l'électeur de Brandebourg après la mort du duc, ou que la Suède ne fût pas entièrement indemnisée des frais de la guerre, cette province resterait en séquestre entre les mains de Gustave-Adolphe.


a Gustave-Adolphe jeta l'ancre, le 24 juin, près de la petite île de Ruden; ce ne fut que le lendemain qu'il débarqua à Usedom.