<93>debourgeois. Après la prise de cette ville, les Lünebourgeois se retirèrent chez eux.
Les avantages brillants que l'Électeur remporta sur ses ennemis, ne firent pas sur la cour impériale l'impression favorable à laquelle on devait s'attendre : l'Empereur voulait avoir de faibles vassaux et de petits sujets, et non pas des princes riches et des électeurs puissants. Comme sa politique tendait au despotisme, il comprenait de quelle importance il était de tenir les princes dans la médiocrité et dans l'impuissance; ses conseillers, et entre autres un certain Hocherus, eurent même l'impudence de dire : « Qu'on voyait à Vienne avec chagrin qu'un nouveau roi des Vandales s'agrandît sur les bords de la Baltique. » Ou il fallait le souffrir et se taire, ou il fallait avoir des moyens pour l'empêcher.
Pendant que les expéditions militaires de l'Électeur n'étalaient qu'une suite de prospérités et de triomphes, Louis XIV donnait des lois à l'Europe, et lui prescrivait des conditions de paix. Par le traité de cette année, la France resta en possession de la Franche-Comté, qui lui fut annexée pour jamais, d'une partie de la Flandre espagnole, et de la forteresse de Fribourg. Après que cette paix eut été signée à Nimègue, le prince d'Orange tenta vainement de la rompre, en livrant l'inutile combat de Saint-Denis, où le duc de Luxembourg triompha malgré la ruse et la mauvaise foi de son adversaire. Les Hollandais, en faisant cette paix, avaient pensé à eux et point à leurs alliés. Frédéric-Guillaume leur reprocha leur ingratitude; mais la chose était dès lors sans remède.
La France proposa à l'Électeur de rendre aux Suédois les conquêtes qu'il avait faites sur eux, et de les indemniser des frais de la guerre. Il aurait été difficile que Louis XIV eût prescrit des conditions plus humiliantes à un prince abattu par ses défaites; aussi l'Électeur n'en voulut-il point entendre parler : ses vœux s'élevaient plus haut, et il espérait de conserver par des traités ce qu'il avait acquis