<XLI> défendait de vous parer de la gloire que le vulgaire des princes est avide d'usurper sur l'expérience des anciens capitaines. Uniquement attaché au bien de l'État, vous avez fait taire toutes passions et tout intérêt particulier, lorsqu'il était question de son service. C'était par un même principe que Boufflers s'offrit au roi de France, la campagne de 1709, et qu'il servit sous Villars, quoiqu'il fût l'ancien de ce maréchal. Souffrez que je vous applique ce mot de Villars; lorsqu'il vit arriver son doyen à l'armée, et qu'il sut qu'il venait pour servir sous ses ordres, il lui dit : « Des compagnons pareils valent toujours des maîtres. »
Ce n'est pas seulement sur ce sang-froid inaltérable dans les plus grands périls, sur cette résolution toujours pleine de prudence dans les moments décisifs, qui vous ont fait connaître des troupes comme un des instruments principaux de leur victoire, que je fonde mes espérances et celles du public. Les rois les plus valeureux ont souvent fait le malheur des États, témoin l'ardeur guerrière de François Ier, de Charles XII, et de tant d'autres princes qui ont pensé se perdre, ou qui ont ruiné leurs affaires par un débordement d'ambition. Permettez-moi de vous le dire, c'est la douceur, l'humanité de votre caractère; ce sont ces larmes sincères et vraies que vous avez versées lorsqu'un accident subit pensa terminer mes jours,a que je regarde comme des gages assurés de vos vertus, et du bonheur
a En février 1747, le Roi eut une attaque d'apoplexie. C'est à cette occasion qu'il écrivit à Voltaire : « J'ai pensé très-sérieusement trépasser, ayant eu une attaque d'apoplexie imparfaite. »