<152>Et la mer en fureur, s'élançant sur les champs,
Dans leur fuite engloutit leurs pâles habitants.a
Invincibles héros, oui, dans ce jour de gloire,
Votre insigne valeur nous donna la victoire;
Que de sang précieux, ô généreux guerriers,
Dans ce jour de carnage arrosa vos lauriers!
Prusse, de tes héros la race est immortelle,
Ce phénix dans tes camps sans fin se renouvelle,
Il naît dans tes périls de nouveaux défenseurs.
Nos ennemis vaincus raniment leurs fureurs;
Sur les monts sourcilleux de la sombre Bohême,
Aux complots meurtriers joignant le stratagème,
Ils formaient des projets dictés par le courroux;
Le nombre était pour eux, la valeur fut pour nous.
Héros qui confondez leur funeste artifice,
O Wedell,b notre Achille, et vous, Goltz,b notre Ulysse!
A vos bras généreux nous devons nos succès,
Les larmes des vainqueurs arrosent vos cyprès;
Que d'obstacles vaincus par vos cœurs magnanimes!
Les tonnerres d'airain, des rochers, des abîmes,
Des volcans infernaux, des dangers imprévus,
Vingt peuples réunis, tout cède à vos vertus.
Mais quels sont ces héros dont la brillante audace
Affronte dans nos camps les frimas et la glace?
Le Lorrain, qui s'armait au milieu de l'hiver.
Nous portait de ses mainsc et la flamme et le fer :
« Qu'à nos embrasements Berlin serve de proie,
a Réminiscence de la Henriade, chant VI, v. 291 et suivants.
b Voyez t. III, p. 78 et 155, et t. VII, p. 15-25.
c Nous portait dans ses mains. (Variante de l'édition in-4. de 1760, p. 207.)