<269>Des défenseurs du Pont, des grands corps des Gaulois,
Et de tous les États qui composaient le monde
Mais cette discipline, en victoires féconde,
Qui les fit arriver au point de leur grandeur,a
Sous les derniers Césars n'était plus en vigueur.
Alors les Goths, les Huns, les vagabonds Gépides,
Moins guerriers que brigands et de pillage avides.
Ravagèrent l'empire en proie à leurs fureurs;
Vainement le Romain chercha des défenseurs,
Et ce puissant État, touchant à sa ruine,
Regretta, mais trop tard, l'antique discipline
Cet art qui se perdit, après un long déclin,
Sortit de son tombeau sous le grand Charles-Quint :
Sous ce guerrier fameux, la Castille aguerrie
Fit craindre aux nations sa brave infanterie;
L'ordre l'avait soumise à sa sévère loi,
Mais sa gloire périt dans les champs de Rocroi.b
Alors, d'un joug honteux rejetant l'insolence,
Exercé par Maurice à venger son offense,
Apprenant à combattre, apprenant à servir,
Le Batave fut libre en sachant obéir,
Et l'exemple imposant de ce grand capitaine
Développa bientôt les talents de Turenne;
Il apprit aux Français le grand art des héros,
Louis, ce sage roi, seconda ses travaux,
Le militaire alors eut ses lois et sa règle;
Mais Louis dans sa cour méconnut un jeune aigle,
a De la grandeur. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 363.)
b La bataille de Rocroi fut gagnée par le due d'Enghien sur les Espagnols, le 19 mai 1643 : le vieux comte de Fuentes, qui commandait cette infanterie espagnole jusqu'alors invincible, y perdit la vie.