<292>Ces ouvrages rasants, enterrés, protégés,
Ne sont des feux lointains jamais endommagés;
Munis de contre-forts à certaines distances,
Ils sont environnés par des fossés immenses :
Les bastions voisins flanquent les bastions,
Ils tournent vers leur gorge en forme d'orillons;
Au milieu des fossés et devant les courtines
Je vois des ravelins chargés de couleuvrines.
Ces ouvrages, coupés par sa savante main,
Par un nouveau rempart disputent le terrain :
Autour de ces travaux, dans un plus vaste espace.
L'enveloppe s'élève, elle couvre la place;
Devant sont des fossés, là le chemin couvert,
La palissade enfin qui montre un front altier,
Et ce glacis sanglant que défend le courage,
Théâtre des combats, théâtre du carnage.
Que d'utiles travaux, de secours étonnants
L'homme a tirés des arts soumis à ses talents!
Qui ne dirait, à voir les remparts de la France,
Que tout est épuisé dans l'art de la défense?
Non, ne le pensez pas; voyez ces souterrains :
Tout l'enfer s'associe aux fureurs des humains;
Ces glacis sous vos pas contiennent des abîmes,
Le salpêtre et la flamme attendent leurs victimes,
Ils partent de la terre, ils couvrent les remparts
D'armes, de sang, de morts, et de membres épais.
Malgré tant de travaux, tant de traits redoutables,
Les places, de nos jours, ne sont point imprenables;
Cet art ingénieux, soutien des défenseurs,
Par des secours égaux arme les agresseurs.