<32>La Sibérie enfante un essaim de barbares,
Les froids glaçons du Nord, mille fiers assassins;
Je les vois réunis, Caspiens et Tartares,
Marcher sous les drapeaux bataves et germains.
Quel démon excita votre farouche audace?
Oui, l'Europe pour vous n'a plus assez de place,
La fureur des combats vous guide sur les mers
Pour troubler un autre univers.
Quitte enfin le séjour de la voûte azurée,
Déesse dont dépend notre félicité,
O Paix, aimable Paix, si longtemps désirée,
Viens fermer de Janus le temple redouté;
Bannis de ces climats l'intérêt et l'envie,
Rends la gloire aux talents, à tous les arts la vie :
Alors nous mêlerons à nos sanglants lauriers
Tes myrtes et tes oliviers.
(Envoyée à Voltaire le 29 novembre 1748. Voyez la réponse de Voltaire, du 26 janvier 1749.)