<49>Lasse d'un faste égal qui toujours se répète,
Connaissant le besoin d'un moment de loisir,
Souvent la vanité chercha dans la retraite
La liberté naïve avec le doux plaisir;
Et dans un séjour champêtre
Qu'ornait la simplicité,
L'opulence a vu renaître
Un rayon de sa gaîté.
Déjà le printemps fuit, l'astre du jour nous brûle,
Le repos nous invite à vivre sous ses lois;
Déjà nous ressentons l'ardente canicule,
Le paisible berger cherche l'ombre des bois;
Et suspendant son haleine,
L'amant de Flore épuisé
Laisse sécher dans la plaine
Le jasmin qu'il a baisé.
Tandis que la nature au repos est livrée,
Ton esprit inquiet veille sur les Saxons;
Tu crains déjà de voir la guerre déclarée,
Et la Prusse liguée avec cent nations,
Les vagabonds de l'Euphrate
Ravager ces vastes champs
Qu'en esclave le Sarmate
Cultive pour ses tyrans.
Les dieux, par un effet de leur haute sagesse,
Ont couvert l'avenir de nuages épais;
Ils confondent toujours la vaine hardiesse
Qui nous porte à percer ces ténébreux secrets.