<71>A force de sonder devine la nature;
Qu'à l'aide du calcul dont l'esprit est muni,
L'homme peut pénétrer jusque dans l'infini,
Remonter des effets à leurs premières causes,
Et saisir les liens les plus secrets des choses.
Oui, le sage, en effet, maître des éléments,
Rassemble tous les lieux, réunit tous les temps;
Il voit avec mépris sur ce triste hémisphère
De la grandeur des rois la splendeur passagère,
Et ces riens importants que l'on croit ici-bas
Si dignes d'exciter la fureur des combats;
Jamais des passions le charme ne l'abuse.
Ainsi, lorsque Métellea assiégea Syracuse,
Archimède ignorait dans un sage repos
Le succès des Romains dans leurs derniers assauts.
Avidement épris d'une étude profonde,
Amant des vérités, il éclairait le monde;
Dans ceb sublime extase, il ne s'aperçut pas
Du monstre dont le fer lui portaitc le trépas.
Ce citoyen des cieux habitant sur la terre
Déplorait les humains qui se faisaient la guerre;
Son esprit affermi contre les coups du sort
Méprisait les faux biens, les malheurs et la mort.
Mais ces antiques faits vous paraissent des fables;
Voyez donc de nos jours des exemples semblables,
Voyez ce philosophe entouré de jaloux,
Toujours persécuté, toujours modeste et doux.
a Marcelle. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 96.)
b L'édition in-4 de 1760, p. 97, dit plus correctement « Dans sa sublime extase. »
c Porta. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 97.)