<77>François Ier en vain chez ses peuples grossiers
Des Grecs et des Latins transplanta les lauriers,
Ces temps si fortunés n'étaient pas près d'éclore;
Richelieu par ses soins en prépara l'aurore,
Louis à sa couronne ajouta ce fleuron,
Il eut tout à la fois Térence, Cicéron,
Sophocle, Euclide, Horace, Anacréon, Salluste,
Et l'on revit les jours d'Alexandre et d'Auguste.
Ainsi tous ces héros, dans ces temps fortunés,
Ont été par les arts doublement couronnés;
L'exemple et le plaisir guidaient à la science,
Et la gloire en était l'illustre récompense.
Qu'heureux sont les mortels avides de savoir!
Éclairer notre esprit est pour nous un devoir;
La science, Hermotime, est pour celui qui l'aime
Un organe nouveau de son bonheur suprême.
Esprits anéantis, automates pesants,
Imbéciles humains absorbés dans vos sens,
On voit revivre en vous ce monarque superbe
Qui, privé de raison, dans les bois broutait l'herbe;a
Votre vie est un rêve, un stupide sommeil,
Et vous aurez vécu sans avoir de réveil.
Craignez ce sort affreux, ô mon cher Hermotime!
Prêt à vous assoupir, que ma voix vous ranime,
Laissez, laissez périr des imprudents, des fous
Plongés dans leurs plaisirs, noyés dans leurs dégoûts,
Opprobres des humains, que le monde méprise.
La sagesse prospère où périt la sottise;b
A tout être créé le ciel accorde un don,
a Nabuchodonosor, roi de Babylone. Daniel, chap. 4, versets 30 et 31.
b Voyez ci-dessus, p. 41.