<97>L'un, juge postulant, se présente à la cour;
Il a pris ses degrés et soutenu ses thèses
A l'université des coulisses françaises;
De crainte que Cujas ne gâtât son cerveau,
Il ne lut que Mouhi, Moncrif et Mariveau;
Il n'est aucun discours que son esprit fertile
N'embellisse d'un trait cité d'un vaudeville.
O le juge excellent! heureux sont les plaideurs
Dont le sort dépendra de pareils rapporteurs!
Le flasque dameret, fils chéri de sa mère,
Jeune athlète énervé des combats de Cythère,
Désire de couvrir ses membres délicats
Du fer et de l'acier dont s'arment les soldats;
Il n'a jamais connu Vauban, Folard, Feuquière,
Mais l'Art d'aimer d'Ovide est son cours militaire.
Cet autre, à son retour, va se mettre à l'écart,
Imite ses aïeux et se fait campagnard;
C'était bien employé d'aller en Angleterre,
Pour s'enterrer tout vif dans le fond d'une terre!
Voilà comme ces fous ont usé de leur temps.
Mais que dirai-je enfin de tant de jeunes gens
Errants comme ce Juif qu'on dit courir le monde,
Qui, livrés aux travers dont leur esprit abonde,
Prirent en voyageant un goût si vagabond,
Et ne pouvant depuis rester à la maison,
Se dévouant par choix aux grandes aventures,
Finirent en fripons tout chargés d'impostures.
L'Allemagne, féconde en plats originaux,
En compte chez les grands des plus fous, des plus sots;
Leur impuissant orgueil, plein de la cour de France,
Imite les Louis par leur magnificence :