<252>Le temps noircit, l'air siffle, le ciel gronde;
La nuit survient, et dans l'obscurité,
Notre vaisseau, tantôt précipité
Jusques au fond d'ouverture profonde,
Tantôt au ciel est relancé par l'onde.
La foudre tombe, et les brillants éclairs
Tout alentour embrasèrent les airs.
Soudain le mât, brisé par la tempête,
Tombe, en faisant un fracas furieux;
Le gouvernail heurté se fend en deux;
Aux matelots tremblants tourne la tête.
Enfin, voguant au gré des vents fougueux,
Nous entendons un bruit épouvantable;
Contre un rocher, écueil inévitable,
Notre vaisseau, de toutes parts troué,
Tout fracassé, lors était échoué;
Poussé des flots, il tombe en mille pièces.
Mes compagnons aux cieux font des promesses,
A mon secours j'appelle mon patron;
Et saint Etienne, écoutant ma prière,
Me fait trouver le bout d'un aviron.
Pour cette fois je te tire d'affaire,
Me dit le saint, car tu portes mon nom.
Dessus ce bois pars à califourchon;
Mon vieux manteau te servira de voile,
Mon auréole, ô Darget, mon mignon,
Pour te guider, te servira d'étoile,
Ton cul adroit sera ton gouvernail. »
- « Bon saint, lui dis-je, il n'est pas temps de rire;
Plus de secours, un peu moins de satire.
Je vogue ainsi dans ce bel attirail;