<271>S'en retourna; l'un dans de grands chaudrons
Faisait bouillir maudits à cœurs de roche,
L'autre, en un coin, en rôtit à la broche;
Là, par les pieds pendent des moribonds,
Ici, plus loin, à d'infernaux brandons,
On en voyait brûler comme une torche;
Là, tout vivants, des damnés l'on écorche;
Là, Belzébuth, au supplice animé,
Battait maudits de son fouet enflammé;
Et sans leurs corps, ces singulières âmes
Souffraient pourtant des tourments corporels,
Comme bois sec se brûlaient dans les flammes,
Et gémissaient sous leurs bourreaux cruels.
Mais la Discorde ardente et sanguinaire,
Qui parcourait notre triste hémisphère,
Sur son chemin, de son souffle empesté,
Otait aux champs leur heureuse abondance,
Dedans son germe étouffait la semence,
Dans les troupeaux met la mortalité.
Ce monstre semble ébranler la nature;
Le firmament pâlit de cette injure.
Ce monstre affreux, en courant le pays,
Arrive enfin auprès du gros marquis.
Tout doucement la diabolique fée
S'en approcha, pour lui donner conseil;
Le gros marquis, dans les bras de Morphée,
Dormait encor d'un tranquille sommeil.
Le monstre alors dessus son chef s'élève;
Il apparaît sous la forme d'un rêve :
« Souffrirez-vous, Valori, de sang-froid,
Que de chez vous on enlève Darget?