<316>Là d'un chacun est la condition,
Le caractère et la profession;
Et, se suivant l'un et l'autre à la piste,
On les appelle un chacun par son nom.
Un tel fut roi; le Seigneur le condamne.
Un tel fut moine; aussitôt il le damne.
Son fils lui dit : « Ah! mon papa mignon,
Pourquoi damner ces honnêtes personnes? »
Il lui répond : « Pour nous ne sont pas bonnes.
Les rois sont gens parfois ambitieux,
Ils pourraient bien nous ravir nos couronnes;
Ils sont vauriens et toujours vicieux.
Moines aux cieux en grand nombre fourmillent,
Vois ces fripons, comme chez nous ils brillent;
Et quelque pape, endiablé de nos saints,
Y placerait de ces nouveaux faquins »
On lui présente alors des gens de guerre
Qui sont péris dans ces combats sur terre;
Le Roi leur dit : « Approchez, mes amis;
Pourrez souvent vous rappeler l'histoire
De vos combats et conter votre gloire
Dans un recoin du benoît paradis.
Je veux sauver tous ces gens-là, mon fils,
Car ils n'ont point l'âme méchante et noire;
Qu'on les nourrisse et qu'on leur donne à boire,
Et, pour calmer dans ces lieux leurs soucis,
Une catin de sainte à leur usage. »
(La Madeleine eut ce lot en partage.)
« Bien mieux ces gens valent que nos dévots;
Tout doucement y vivront ces héros.