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AU MARQUIS D'ARGENS. SUR DES LOUANGES QU'IL DONNAIT AU ROI.

Non, jamais courtisan au langage flatteur
N'a d'un encens plus fin su nourrir son idole
Que vous, qui prodiguez à votre serviteur
Un parfum qui pour lui ne vaut pas une obole.
Je ne suis plus, marquis, frais de l'école,
Ni dans ce bel âge enchanteur
Où notre âme ingénue, encor novice et folle,
Avale avidement un poison séducteur.
La louange est une vapeur
Qui devant le bon sens se dissipe et s'envole;
La vérité sévère, à l'œil plein de rigueur,
Se montre à mes regards, et poursuit de l'erreur
Un fantôme aimable et frivole
Que l'amour-propre allaite et forme dans mon cœur.
Elle m'offre un miroir où, lorsque je m'y mire,
Je puis de mes défauts composer la satire;
J'y vois avec étonnement
Ce bonnet redouté que sur ma tête grise