<181>Devant lequel l'imprimeur tremble,
Et s'agenouille par respect?
Mais non, mon esprit imagine,
Ou, pour mieux dire, je devine
Le train de vos jours usité :
Je crois vous voir en votre chambre,
Où n'entra jamais odeur d'ambre,
Dans la flanelle empaqueté,
De pelisses emmaillotté,
Les pieds sur votre chaufferette,
Le bonnet de nuit sur les yeux,
Disserter avec le prophète
Sur le destin que nous apprête
L'obscure volonté des cieux.
Moi, dont l'âme matérielle
N'a pas le don de s'exalter,
Je puis, sans vouloir empiéter
Sur votre diseur de nouvelle,
Vous en révéler aujourd'hui
D'aussi vraisemblables que lui.
Je les tire de ce grimoire
Que me donna ce vieux Dessau
A l'œil fier, à moustache noire,
Magicien dès le berceau.
Voici ce que dit ce bon livre
Sur l'histoire de l'avenir;
Gardez-vous bien de le honnir,
Ou bien malheur pourrait s'ensuivre;
De croyance il faut vous munir :
« Dès que l'ardente canicule
Aura porté dans les cerveaux