<195>Mais ma philosophie et mon indifférence
Ne vont point à souffrir l'injuste violence
De ce complot de rois qui, sans se rebuter,
D'un trône chancelant veut me précipiter.
Qui foule aux pieds l'orgueil déteste la faiblesse,
Endurer un affront, cher marquis, c'est bassesse;
De ce trône envié, tout prêt à succomber,
Je descendrais sans peine, et n'en veux pas tomber.
Peut-être qu'autrefois, enchanté par l'histoire,
J'ai sacrifié trop à l'amour de la gloire;
L'exemple séduisant de tant d'hommes fameux
Me remplit du désir de m'élever comme eux.
Mais bientôt, redressé par la philosophie,
J'appris par ses conseils à réformer ma vie,
A rejeter l'erreur, chérir la vérité;
Et mon esprit alors, par ce charme emporté,
Connut que, pour atteindre à la gloire mondaine,
Il avait poursuivi sans fruit une ombre vaine,
Qu'il n'est qu'illusions, que tout s'évanouit.
Revenu de l'objet qui longtemps m'éblouit,
Je me disais : Je vois la fin de ma carrière,
Bientôt le froid trépas va clore ma paupière;
Faut-il par tant de soins, de chagrins et d'ennuis,
De jours si douloureux, de plus cruelles nuits,
Arriver à ce gîte où nous devons nous rendre,
Où le temps détruira nos noms et notre cendre?
Ah! s'il faut tout quitter au moment du trépas,
A des soins superflus pourquoi perdre nos pas?
Terminons les travaux d'une vie importune;
Est-ce à nous, vils mortels, à dompter la fortune?
Non, non, il faut choisir, pour aller à sa fin,