<226>Si le ciel combattait le pouvoir des enfers?
Du trouble et du désordre obligés de s'accroître
Un chaos plus confus aurait donc dû renaître.
Pour soutenir ce monde et pour le protéger,
Un Dieu suffit; son bras ne peut se partager.
Ce Dieu, dont la nature a publié la gloire,
Dont chaque astre en son cours rappelle la mémoire,
Est non seulement grand, éternel et puissant,
Mais clément, débonnaire, et surtout bienfaisant.
Ce sont ces attributs que l'univers adore,
N'est-ce pas sa bonté que tout mortel implore?
Tels sont les traits frappants qu'il grava dans nos cœurs.
Un être malfaisant, objet de nos terreurs,
Ne peut être le Dieu que des anthropophages;
L'unique auteur du bien reçoit l'encens des sages.
Venons au nœud gordien où gît tout l'embarras;
Pope en le maniant ne le dénoua pas.
Comment, me direz-vous, un Dieu si débonnaire
De maux accumulés accabla-t-il la terre?
Quel est l'auteur du mal? Je ne vous réponds rien :
Le mal peut-il venir de l'auteur de tout bien?
De ce sujet abstrait les ténèbres sublimes,
Effrayant ma raison, découragent mes rimes;
Moi, qui chez saint Thomas n'ai point pris mes degrés,
Modeste adorateur des mystères sacrés,
Je crains d'être profane en touchant ce problème.
Passe pour votre roi des Henri le huitième,
Possesseur du savoir de nos loyaux aïeux,
Plein de la scolastique et d'auteurs ténébreux,
Qui versa sur Luther pour la gloire papale
Tous les flots érudits d'horreur théologale;