<244>Et loin de t'opposer à ce destin funeste
Qui renverse l'État en détruisant ses lois,
Laisse aux dieux irrités leur vengeance et leurs droits.
Sans chagrin, sans douleur vois expirer ton père;
Bénis, bénis le jour qui finit ma misère.
Je veux d'un front serein m'élancer à tes yeux
Des fanges de la terre au temple de nos dieux;
Dans cet asile saint, la gloire et la justice
Abreuvent la vertu d'un torrent de délice ;
Là je retrouverai Pompée et Scipion,
Et ces héros dont Rome a consacré le nom.
Oui, César, à ma mort tu porteras envie,
Un illustre trépas va couronner ma vie;
Véritable Romain, libre, et maître de moi,
Je préfère la mort à vivre sous ta loi.
Il est temps, finissons, donnez-moi mon épée;
Du sang des citoyens elle n'est point trempée,
Mon sang est le premier qui la fera rougir.
Mais quoi! .... tenterait-on de me désobéir?
Forme-t-on des complots? qu'enferme ce mystère?
Ah! timides amis, que prétendez-vous faire?
Croyez-vous m'empêcher de terminer mon sort?
Il est mille chemins pour courir à la mort,
Ils me sont tous ouverts, ma mort est nécessaire.
Voulez-vous donc livrer votre ami, votre père,
Vivant et désarmé, dans les bras du vainqueur,
Le défenseur des lois à leur perturbateur,
Un vrai républicain au tyran qui le brave?
Caton ornera-t-il son triomphe en esclave?
Ah! tels étaient les fruits de votre aveuglement.
Détestez vos erreurs, pensez plus noblement.