<252>Et leurs auteurs de furieux.
Que vous dirai-je, ô tendre Ovide?
Vous dédiâtes l'Art d'aimer
A la divinité de Gnide;
Mais vous ne pûtes présumer
Que la fécondité d'une muse fluide
Vous ferait des Gaulois un jour mésestimer.
Que n'alliez-vous chez eux consulter un druide?
Il vous aurait appris que l'art de les charmer
Consiste à renoncer au dieu qui vous possède,
A courir, arpenter sur les pas d'Archimède.
O secret des beaux vers, inconnu jusqu'à nous!
Comment s'est-il donc fait que tant d'illustres fous,
Pensant que leur génie enfantait des merveilles,
Consacrèrent leurs soins, leurs travaux et leurs veilles
À peindre les objets qu'enserre l'univers,
A toucher, émouvoir et plaire par leurs vers?
De ce goût suranné l'on abolit la mode,
Un rabbin newtonien réforme notre code;
Des poudres du calcul, au bout de l'Occident,
Le Parnasse a vu naître et sortir son tyran.
Tout se confond, tout change, il n'est rien qu'il conserve,
Il foule sous ses pieds la poétique verve.
Chez lui, jeunes auteurs, recevez des leçons :
Plus d'images en vers, ni de comparaisons;
Son austère rigueur en serait offensée,
Et sa prolixité sensiblement blessée.
Que désormais vos vers soient durs et décharnés,
D'a plus b minus x et de calculs ornés;
Au lieu de travailler sur des sujets épiques,
Mettez en beaux sonnets les sections coniques;