<3>Du Tibre désolé le démon de la guerre
Transporte aux régions de la coupable terre
Le carnage et l'horreur;
Dans les champs africains l'ennemi prend la fuite,
Scipion sauve Rome, et Carthage est réduite
Sous les lois du vainqueur.
L'arbitre des destins, de ses mains libérales,
Verse sur les mortels, de deux urnes égales,
Et les biens et les maux;
Et sa fécondité sur les champs répandue
Fait croître également la casse et la ciguë,
Le cèdre et les roseaux.
Ce mélange fâcheux d'infortune et de gloire
De l'archive du temps remplit la longue histoire
De cent revers cruels.
Une prospérité dont l'éclat se conserve
Se refuse à nos vœux; le destin la réserve
Pour les dieux immortels.
Dans nos jours désastreux, la guerre qui vous mine
Semble annoncer, Prussiens, la prochaine ruine
De vos vastes États;
L'Europe conjurée, à l'œil brûlant de rage,
Porte jusqu'en vos champs la flamme, le carnage,
L'horreur et le trépas.
Cette hydre, en redressant ses têtes enflammées,
Vomit des légions, enfante ces armées
Qui s'élancent sur vous;