<43>Que ton père en mourant te laissait en partage!
Tu règnes, mais lui seul a sauvé tes États;a
Les bienfaits chez les rois ne font que des ingrats.
Toi, monarque indolent que la pourpre embarrasse,
Ne te souvient-il plus qui délivra l'Alsace?
Mes regards indignés dans tes camps amollis
Ont vu flotter un aigle entre les fleurs de lis;
L'injure et le bienfait se perd de ta mémoire.b
Esclave d'une femme, est-il pour toi de gloire?
Ton trône et ton pouvoir sont le prix de l'amour,
Et Vienne a subjugué ta maîtresse et ta cour.
Pompadour, en vendant son amant au plus riche,
Rend la France en nos jours esclave de l'Autriche,
Le Canada bientôt est en proie aux Anglais;
Mais qu'importe à Louis la gloire des Français?
Thérèse, après ces coups, l'âme de l'alliance,
Veut par de grands exploits signaler sa puissance :
Aussitôt tout s'émeut en ses vastes États,
Et l'Autriche en travail enfante des soldats;
La Bohême, opprimée et saignant de ses pertes,
Voit par des camps nombreux ses campagnes couvertes.
Le trouble, la terreur, le désordre s'accroît,
La paix s'envole aux cieux, l'équité disparaît,
On respire le sang, le meurtre, les alarmes,
Les champs restent déserts, tout peuple est sous les armes.
Cet ange qui préside au destin des combats,
Qui dirige ou retient les flèches du trépas,
Arrache la fortune ou soudain la ramène,
a Voyez t. II, p. 90; t. III, p. 6.
b Voyez t. III, p. 50-58, et p. 121 et suivantes.