GAZETTE MILITAIRE.
Dans ce moment, de grand matin,
Nous apprenons par le Sarmate
Qu'un de nos héros, nommé Plate,
Vient de donner un coup de patte
Au Moscovite Buturlin.
Il a pris un gros magasin
Et deux mille hommes à Koblin;190-a
Mais, ce qui passe la croyance,
Et fâche la russe Excellence,
Ce sont cinq mille chariots,
Tous bien chargés, par prévoyance,
Du butin que fit ce héros.
Oh! que la guerre est impolie!
De plus, voici ce qu on apprend :
Qu'une cité très-bien munie,
Capitale de Posnanie,
Par un bonheur tout aussi grand,
Signale le bras triomphant
Du vainqueur du peuple oursoman.
Neuf bataillons portent nos chaînes,
Et ce Buturlin si rétif,
Cet ardent dévasteur de plaines,
Chez le Sarmate fugitif,
Se cache pour pleurer ses peines.
<191>Ainsi, bonnes gens de Berlin,
Ne craignez plus pour cette automne
Les maux que vous ferait Bellone
Sous la forme de Buturlin.
Pour éviter votre ruine,
Nous avons eu l'art de traiter
D'une alliance à la sourdine
Avec madame la Famine;
Lorsque sur elle on peut compter,
Jusqu'aux ours, tout peut se dompter.
Ah! puissent-ils dans la mer Noire,
Tous ces fâcheux, tout d'un plein saut,
La tête en bas, le cul en haut,
S'abîmer, eux et leur mémoire!
Du camp de Bunzelwitz, 1761.
190-a Le magasin russe que le lieutenant-général de Platen détruisit à Kobylin le 13 septembre était peu considérable; mais, deux jours après, non loin du couvent de Gostyn, il s'empara d'un magasin de cinq mille chariots. Voyez t. V, p. 142.