<142>Que la volupté seule ait pour lui des attraits;
Comment peut-il toujours nager dans les délices?
L'homme est à chaque instant au bord des précipices;
Affaibli, décrépit, et surchargé de jours,
Qu'il laisse loin de soi folâtrer les Amours.
Que vois-je? ah! quel regard! et qu'est-ce que m'indique
Ce visage allongé, cet air mélancolique?
Votre esprit accablé se livre au désespoir.
Avouez franchement que, sans vous émouvoir,
La mâle austérité de la philosophie
Répugne à votre esprit, l'abat, le mortifie.
Au lieu d'un ami vrai, vous cherchez un flatteur,
Afin d'autoriser, d'aigrir votre douleur;
Je voudrais la guérir, en arracher le germe,
Et rendre votre esprit plus tranquille et plus ferme.
Les temps qui sont passés ne sauraient revenir,
Mais vous pouvez encor, cher comte, rajeunir.
N'est-il d'autres plaisirs que dans la source impure
Où s'en vont se vautrer les pourceaux d'Épicure?
Voyez ces partisans des sales voluptés,
N'en sont-ils pas enfin et las et dégoûtés?
Il est, il est, croyez, des plaisirs pour tout âge.
Écoutez ce qu'a dit un grand homme, un vrai sage,
Ce sauveur des Romains, l'immortel Cicéron.
Déchu de ses honneurs, paisible en sa maison
Au sein tumultueux de la guerre civile,
Détestant les tyrans, gardant l'esprit tranquille,
Voici comme il s'exprime, en parlant aux Romains :a
« Les lettres font, dit-il, le bonheur des humains :
La jeunesse à leurs soins doit sa course brillante,
a Voyez t. VIII, p. 156 et 304; et t. IX, p. 205.