<162>Mais de la molle arène et du niveau de l'herbe
Il se lève, et dans peu de sa tête superbe
Il ombrage les champs.
Dans les bras d'Amphitrite, où son éclat expire,
Le soleil de la terre abandonne l'empire
Aux ombres de la nuit;
Mais ses rayons vainqueurs au point du jour éclipsent
Ces flambeaux lumineux, ces astres qui pâlissent,
Et l'obscurité fuit.
Telle m'apparaissant couverte de ténèbres,
Ma patrie éplorée, à ses voiles funèbres
Attachant ses regards,
De nos calamités l'âme encore effrayée,
Sur nos lauriers flétris tristement appuyée,
Maudissant les hasards;
Malgré tant de périls, de revers mémorables,
Recourbé sous le poids des destins implacables
Contre elle déchaînés,
J'entrevois, à travers cette ombre que j'abhorre,
Les prémices charmants et la naissante aurore
De ces jours fortunés.
Les dieux pour les mortels ne font plus de miracles;
Entourés de dangers, de gouffres et d'obstacles
Qui bordent leur chemin,
Ils leur ont départi l'audace et le courage,
Utiles instruments dont le pénible ouvrage
Asservit le destin.