<18>Sans épines parmi les fleurs,
Assis à table entre des belles,
Tu les fis pour toucher mes sens;
Le vin d'Aï qui m'enchante,
Versé par une main charmante,
Est encore un de tes présents.
Ah! quand mon âme appesantie
Serait l'esclave de mon corps,
Et descendrait anéantie
Dans l'obscur empire des morts,
Grand Dieu, cette âme qui t'adore
Ici te bénirait encore,
Prête à vivre, prête à mourir;
Tu ne me devais point la vie,
Et quand la carrière est finie,
Qui n'est plus ne saurait souffrir.
Mais si mon âme, en sa durée,
D'Atropos trompe le ciseau,
Et si la substance épurée
Survit aux horreurs du tombeau,
Que cet avenir a de charmes!
Je meurs heureux et sans alarmes,
Je vole au sein de l'Éternel.
O Dieu! si mon esprit qui t'aime
Est immortel comme toi-même,
C'est pour un bonheur immortel.
Vous dont le zèle fanatique,
Dont la cruelle absurdité