<190>Hélas! mes tristes yeux verront-ils tes guinées
Par des brigands français à Paris amenées,
Au successeur de Pharamond,
Et par la Pompadour peut-être profanées?
Lève-toi, Cumberland, et venge notre affront;
De ton père saisis la foudre,
Tonne, frappe et réduis en poudre
Ce d'Estrée, ennemi de ton illustre nom.
Münchhausen et Steinberg,a enfants de la victoire,
T'excitent à venger l'honneur de ta maison;
De l'un deux saisis la mâchoire.
Et, tel qu'on nous dépeint Samson,
Frappe les Philistins, et rétablis ta gloire,
Que te ravit un rodomont.
Extermine, détruis .... Mais non,
L'Eternel hait la violence;
Il sait fortifier la faiblesse et l'enfance,
Et confond à son gré la superbe raison.
Sa sagesse immense et profonde
T'ordonne d'épargner le plus beau sang du monde,
Le sang hanovrien, en héros si fécond.
L'Elbe allait t'engloutir dans le fond de son onde,
Cumberland périssait, ainsi que Pharaon;
L'insolent ennemi de ma triste patrie
Vainement écumait de rage et de furie,
Et jurait d'abîmer Cumberland dans les mers.
Ta main signa deux mots; ô prodige! ô magie!
a Cet éloge ironique est une satire de la mollesse avec laquelle ces deux ministres d'État hanovriens avaient pourvu à la défense de leur pays, au mois de décembre 1756. Voyez t. IV, p. 120-122; voyez aussi Lebensgeschichte des Grafen von Schmettau, Königl. Preuss. General-lieutenants, etc. Berlin, 1806, t. II, p. 320-334.