<24>Le matin, quand je me réveille,
Je vois, dans la belle saison,
Phébus, brillant sur l'horizon,
Colorer les fruits de la treille;
Je vois la diligente abeille
D'un parterre semé de fleurs,
Éclatant de mille couleurs,
Par une adresse sans pareille
Ravir les sucs et les douceurs.
Je prends souvent un livre en main;
Du bois touffu cherchant l'ombrage,
Ou bien sur le bord du rivage,
J'orne mon esprit du butin
De quelque auteur grec ou latin.
Je lis Horace ou bien Catulle,
Tantôt l'aimable Lucien,
D'Hortensius le noble émule,
Ou les Césars de Julien.
Le grand, le sublime Voltaire
Toujours dissipe mon ennui;
Heureux Virgile, heureux Homère
De n'être pas nés après lui!
Je dîne; une table frugale,
Sous l'ombrage frais d'un berceau,
Où le divin Joyarda régale,
Me donne un appétit nouveau.
Ce lieu, que le pampre couronne
Des riches présents de Pomone,
Est moins somptueux, mais plus beau
Que le plus superbe château;
a Voyez t. X, p. 114.