<246>Tandis qu'encor durait ce chamaillis,
Vient un valet pâle et tout ébahi :
« Alarme, alarme, accourez tous, Polaques,
Opposez-vous, criait-il, aux attaques!
Voilà le Russe, il s'avance à grands pas;
Ivres de vin il pense vous surprendre.
Sur les remparts volez, vaillants soldats,
Et songez bien surtout à vous défendre. »
C'était Drewitz; toujours l'oreille au guet,
Trop bien instruit de ce qui se passait,
Il devinait que dans le réfectoire
Le Polonais ne s'amusait qu'à boire,
Qu'ardent, en rut, chacun s'y querellait.
Sûr de ces faits, il présageait sa gloire.
Dans un moment le fort est entouré,
Et par le Russe étroitement serré.
Transi de peur, on quitte la donzelle;
Tout en tremblant, le towargis surpris
Va se blottir et chercher des abris
Dans un recoin que fait la citadelle.
Ces gueux, étant effarés, étonnés,
Tremblent si fort du Russe et de sa troupe,
Qu'aucun n'ose montrer le bout du nez
Sur le rempart, pour qu'on ne le lui coupe.
Devinez-vous ce que préméditait
Ce Russe fin, qui si bien les guettait?
Il veut, la nuit, leur donner une aubade,
Et s'emparer du fort par escalade.
O mère Vierge! en sera-t-il ainsi?
Et verra-t-on un peuple schismatique